Dans cette contribution, nous allons aller au-delà dune critique de l’extrême-droite et du discours d’Éric Zemmour en abordant l’islamophobie qui est appuyée par un courant de pensée qui cherche à critiquer l’Islam sur tous les fronts.

Une telle critique ne cherche pas seulement à remettre en cause l’Islam en tant que tel dans le contexte moderne mais à remettre en cause l’histoire de l’Islam et la civilisation islamique toute entière et son apport pour le monde dans les domaines scientifiques et philosophiques.

Je me propose dans cet article à critiquer une approche développée par Sylvain Gougenheim qui dans un livre très controversé et très polémique, à tenté de remettre en cause l’apport de l’Islam à l’Occident en termes philosophiques et scientifiques et stricto sensu en termes de traduction des livres grecs et leur transmission à l’Occident chrétien.

Cette critique dépasse de loin celle des orientalistes les plus radicaux et les plus agressifs à l’encontre de l’héritage islamique comme Ernst Renan qui nest pas allé jusqu’à remettre en cause le rôle des traductions des livres de Platon, d’Aristote, de Ptolémée et d’Euclide et bien dautres penseurs grecs du Grec ancien vers l’Arabe puis de l’Arabe vers le Latin.

Dans quelle époque nous vivons ? Une époque marquée par les révisionnismes les plus radicaux, une ignorance du strict minimum de l’histoire des civilisations.

Il y a ceux qui veulent nier lexistence du Prophète Muhammad et de l’Islam comme Tom Holland dans un funeste documentaire.

Il y a aussi ceux qui parlent dun mythe dAl-Andalus dans un révisionnisme historique assez réducteur.
Toutefois, le livre de Guggenheim est beaucoup plus pernicieux. Il a piégé les spécialistes de l’Islam dans les universités françaises qui ont été outrés par les allégations de ce médiéviste et qui se sont rassemblés contre lui, ce qui a poussé certains à le défendre en proclamant la liberté d’expression.


Nous allons alors décortiquer les thèses de Guggenheim et lui opposer une critique la plus objective. C’est ce que nous souhaitons avant tout.

Ce sont les idées qui donnent du courage et non les sentiments.


La thèse révisionniste de Gougenheim concernant la transmission à l’Occident du savoir grec par les Musulmans
Dans un livre intitulé « Aristote au mont Saint-Michel : les racines grecques de l’Europe chrétienne », paru en 2008, Sylvain Gougenheim, historien français du Moyen Âge a entrepris de démontrer que l’Occident a découvert l’héritage grec grâce à ses propres traductions dont un atelier dit de Saint-Michel en France et à un traducteur comme Jacques de Venise qui aurait traduit Aristote directement du grec ancien vers le latin un demi-siècle avant les traductions de l’Arabe réalisées en Sicile et à Tolède en remettant en cause l’idée d’un apport décisif de la civilisation islamique médiévale dans la transmission du savoir grec à lOccident et ce, malgré le fait qu’aucune trace de traductions du grec réalisées au Mont-Saint-Michel n’existe à ce jour.
Bien que ce livre soit paru il y a douze ans, il a lancé un débat important pour les relations Orient-Occident qui laisse des échos jusqu’à aujourdhui.

Je pense que malgré les nombreuses critiques dont a fait l’objet la thèse de cet auteur, elle na pas été suffisamment réfutée parce quelle déplace le centre de gravité du débat vers une question secondaire et non essentielle. Les critiques ont été ainsi piégés.


Cette thèse controversée et peu crédible en matière d’histoire des relations Orient-Occident a fait lobjet d’un débat médiatique et universitaire qui a tourné relativement à l’avantage de Gougenheim (le livre a été bien vendu. Il a obtenu un prix et il a été soutenu par plusieurs spécialistes reconnus). Trois autres éléments permettent d’expliquer cette situation :

Le premier est l’absence d’une réaction bien argumentée de la part des penseurs musulmans en France, surtout parmi les historiens et les philosophes des sciences.
Le second élément n’est autre que le caractère rédhibitoire et superficiel de ce débat attractif pour les milieux médiatiques qui aiment associer les idées en vogue sur les migrations et l’islamophobie par exemple avec dautres travaux en apparence scientifiques mais qui sont destinés à un large public peu connaisseur de la complexité des relations Orient-Occident.
Le troisième élément est la focalisation des critiques de ce livre sur des considérations plus idéologiques que scientifiques. L’auteur a été notamment accusé de nourrir les thèses xénophobes et celles relatives au choc des civilisations.
Or, le vrai problème n’est autre que le peu de rapport des idées développées dans ce livre avec la réalité historique des relations Orient-Occident. Dabord, la thèse de Gougenheim se limite à la question de la traduction des œuvres philosophiques et scientifiques grecques en ignorant la question de la production du savoir scientifique et philosophique du monde musulman lui-même durant la période Abbasside en Orient et Omeyyade en Espagne ainsi que l’apport d’autres cultures (persane et indienne notamment) qui ont été absorbées par les Musulmans.
Cet auteur va jusquà remettre en cause l’assimilation par les Musulmans du savoir grec en raison, d’une part, d’un prétendu irrationalisme de la religion et de la mentalité islamiques, thèses essentialistes et culturalistes par excellence, qui auraient empêché l’assimilation de l’hellénisme chez les Musulmans, ce qui ne fut pas le cas du monde chrétien et, dautre part, du peu de maîtrise linguistique du Grec ancien chez les philosophes arabes.
L’autre idée véhiculée dans ce livre est le rejet du concept d’âge dor de l’Islam qui est comparé par de nombreux spécialistes aux Lumières du XVIIe siècle en Europe. Certains ont rappelé qu’au moment où le monde musulman vivait une Renaissance, le monde chrétien était embourbé dans le Moyen Âge.


Le véritable apport de la civilisation islamique à l’Occident


En fait, Gougenheim s’est trompé sur les deux tableaux.

Dabord, les philosophes musulmans n’avaient aucunement besoin d’apprendre le grec puisque comme le dit si bien Alexandre Koyré ils savaient parfaitement faire de la philosophie après avoir absorbé l’héritage philosophique grec et c’est cette capacité à faire de la philosophie qui a été transmise à l’Occident.
Alexandre Koyré considère les Arabo-musulmans non pas seulement et simplement comme des vecteurs de la philosophie grecque mais comme véritablement les « éducateurs » de l’Occident. Au lieu que Gougenheim parle de la méconnaissance des philosophes musulmans de la langue grecque, il aurait mieux fallu qu’il se pose la question suivante : pourquoi les Romains, les Chrétiens du Moyen Âge et les Byzantins qui connaissaient parfaitement la langue grecque nont pas pu faire de la philosophie ? C’est simplement parce que ces derniers ont perdu, depuis la naissance de l’Empire romain, le contact avec l’Extrême-Orient, un contact récupéré et valorisé par les Musulmans. Ces derniers se sont nourris des idées développées par les cultures perse et indienne en plus de la philosophie grecque.
Concernant l’autre question qui est la récusation de l’âge d’or de l’Islam, il convient de rappeler que la révolution scientifique de l’Europe au XVIe siècle na été possible que grâce à la première révolution scientifique de l’Islam durant le Moyen Âge. Lapport de l’Islam na pas été véritablement de fournir des traductions réalisées à partir du grec mais plutôt de produire et de transmettre au monde un véritable savoir philosophique et scientifique.
Par exemple, la méthode scientifique et la physique en Occident doivent beaucoup aux travaux d’Ibn Al-Haytham. Ce dernier a jeté les bases de la méthode scientifique moderne dans sa dimension expérimentale. Dans son livre « Kitab Al Manazer » il lance l’idée que l’œil reçoit la lumière réfléchie par les objets en rompant avec la conception grecque d’une émission de la lumière par les objets eux-mêmes. Il a également développé une méthode pour tester les hypothèses théoriques. Ce travail a été découvert par Roger Bacon (1214-1296), un élève de Grosseteste qui est considéré par Alistair Crombie comme le véritable inventeur de la science moderne.

En réalité, cest Ibn al-Haytham qui est l’authentique inventeur de la science expérimentale moderne. Il a notamment basé ses hypothèses sur l’optique sur des preuves expérimentales évidentes comme il est coutume de le faire chez les scientifiques modernes. Grâce à cette méthode, il a découvert la loi de réfraction de la lumière et le prisme de lumière bien avant Isaac Newton. Ibn al-Haytham a également écrit un livre sur la lumière « Rissãlat fi l-Daw » (Traité de la lumière) dans lequel il a étudié les propriétés de la luminance et sa dispersion à travers des prismes. Ce savant a étendu ses recherches à la densité de l’atmosphère en la liant à l’altitude. Ces résultats ont été transmis aux savants occidentaux comme Francis Bacon, Johannes Kepler et Witelo.


Ibn al-Haytham a développé également une critique de Ptolémée. Cest là un sujet un peu plus complexe. Comme le dit à juste titre Alexandre Koyré, Copernic ne se situe pas nécessairement en rupture avec le système de Ptolémée. Toutefois, le long cheminement de la critique de l’Almageste hormis les beaux systèmes d’Aristarque et d’Héraclide du Pont comprend des travaux de scientifiques musulmans durant le Moyen Age comme ceux de l’École de Marāgha en Iran mais aussi et surtout ceux d’Al-Haytham qui sont édifiants.
Dans un livre intitulé « Al-Shukūk ‘alā Batlamyūs » (Doutes sur Ptolémée), Ibn al-Haytham évoque des anomalies géométriques (comme aurait dit Thomas Kuhn) au sein du système de Ptolémée (orientation à partir du centre du monde, problème de l’équant, mouvement de la latitude).
Il va plus loin et comme ce fut l’inventeur de la méthode expérimentale en physique, il lui ajoute la création d’un modèle basé sur la physique céleste. C’est-à-dire sauver les phénomènes en décrivant le mouvement réel des astres et non pas sauver les apparences à travers des artifices géométriques comme l’équant et l’épicycle. Il parait même qu’Ibn al-Haytham a découvert la loi d’inertie bien avant Galilée : mouvement d’un objet en mouvement uniforme et rectiligne en l’absence d’une force externe.

Il est certain que les contributions d’Ibn Al-Haytham vont au-delà de ce maigre tableau. Mais on est obligé de s’arrêter là.


Les Musulmans ont créé l’algèbre et la trigonométrie, cest-à-dire une fusion entre la géométrie et l’algèbre. Ils auraient pu développer la physique mathématique comme ultime étape mais ils n’ont pas eu le temps. Ils ont été frappés par un déclin dont on ne peut traiter les causes dans cet article.

Dautres scientifiques musulmans ont joué un rôle dans la révolution copernicienne. Le mécanisme que Copernic utilisa pour éliminer le centre de l’équant et modifier la position de l’orbite terrestre ressemblait aux inventions d’ibn-Al-Shâtir et des autres astronomes de l’école de Marâgha en Iran qui connut un grand essor durant le Moyen Âge. Pourtant aucune traduction latine de leurs œuvres nest attestée aujourdhui.


Ibn Al-Shâtir élimina des constructions de Ptolémée le centre de l’équant et certains cercles, il généralisa une configuration reposant entièrement sur des cercles pour les mouvements des planètes. Mais cette configuration était géocentrique.
Copernic a utilisé dans le Commentariolus, puis dans de revolutionibus une configuration comparable mais avec le Soleil comme centre. De même, Copernic consulta les travaux d’astronomes arabes qui ont approfondi le système de Ptolémée en cherchant à établir de nouvelles valeurs numériques, parmi lesquels, il faudrait distinguer Muhammad Al-Battâni, auquel les travaux de Copernic font référence. Ce dernier emprunta également aux Arabes les méthodes de la géométrie trigonométrique en utilisant les sinus au lieu des chords des astronomes grecs. Les travaux mathématiques de Copernic sont, de ce point de vue, largement supérieurs à ceux de ses prédécesseurs grecs.
Dans le domaine de la médecine, al-Zahrawi (Albucassis) (936-1013) qui fut le grand chirurgien de son époque, a écrit une encyclopédie de 1500 pages et 30 tomes, « Al-Tasrif liman Aegiza an al-Talif », sans protéger ses inventions qui comprenaient les instruments de chirurgie dans les modèles existent aujourdhui malgré le progrès technologique. Cette encyclopédie a été traduite en latin par Gérard de Crémone et a été éditée plus de vingt fois dans toute l’Europe. Elle est restée la référence en médecine et en chirurgie jusquau dix-huitième siècle.
N’oubliant pas bien entendu les mathématiques. Le travail de Muhammad Ibn Mūsā al-Khuwārizmī (mort vers 850 à Bagdad) a été vraiment décisif pour le développement de l’algèbre. Dans son livre majeur Kitab al Hisāb al-Jabr wa al-Muqăbala (l’Abrégé du calcul par la restauration et la comparaison) il relate une demande qui lui a été faite par le Calife al-M’amun. Ce dernier lui demande d’utiliser son savoir pour permettre aux artisans, aux commerçants et aux particuliers de faire les calculs nécessaires aux divisions, à l’héritage, au commerce, à l’arpentage des terres, aux travaux d’irrigation, etc. Il se met à l’ouvrage et il crée ce qu’on appelle aujourdhui l’algèbre (al-jabr).


Comme ce fut le cas d’Isaac Newton qui a rédigé ses Principia mathematica philosophica en langage géométrique plutôt qu’infinitésimal, Al-Khuwārizmī recourt pour écrire ses six équations canoniques à un langage simple et non chiffré (l’inconnue est appelée chose, shay, la racine, le dijhr, la constante, adād, etc.). En cette matière, il a été très innovant et peu être considéré comme le fondateur de la science algébrique puisqu’il n’a consulté aucune œuvre grecque.


L’honnêteté intellectuelle de ce savant est vraiment à la hauteur de ses réalisations. Non seulement, il n’a utilisé aucune source grecque pour l’élaboration de l’algèbre et il n’en cite aucune puisqu’il est le véritable inventeur de cette discipline, mais il reconnait en plus les sources indiennes du système décimal positionnel dans son livre Kitābu ‘l-ĵāmi` wa ‘t-tafrīq bi-ḥisābi ‘l-Hind  (Livre de l’addition et de la soustraction d’après le calcul indien) dans lequel il décrit précisément ce système révolutionnaire repris des Indiens.
Il emprunte aux Indiens les chiffres décimaux mais aussi le zéro qui permet de définir les chiffres négatifs des Indiens, inventé par Bramagupta et cités dans son ouvrage le Brahmasphutasddhana (rédigé en 628). Ce savant indien obtient le le zéro comme résultat de la soustraction d’un nombre par lui-même et montre les résultats d’opérations obtenus grâce à ce nombre emblématique et décisif.


Les chiffres indo-arabes sont diffusés à Cordoue en Espagne et en Afrique du Nord. Puis ils ont été découverts par des occidentaux qui les diffuseront dans le monde chrétien sous le nom de chiffres arabes et qui sont passés en Occident à travers l’Espagne islamique. Les plus connues sont Gerbert d’Aurillac qui deviendra pape de Rome sous le nom de Sylvestre II, Robert de Chester qui traduit le livre d’Al-Khwârismî en 1145 et Leonardo Fibonacci qui reprend cette œuvre dans un ouvrage intitulé Liber Adaci (Le livre du calcul) publié à Pise en 1198. Ce dernier étudia ce système de calcul décimal auprès de savants à Bejaïa (Algérie actuellement).
Ils sont progressivement utilisés dans les pays occidentaux et ce nest pas un hasard que l’un des premiers pays ou voit circuler soit le pays de la renaissance et de la seconde révolution scientifique mondiale, l’Italie. L’essor de la physique mathématique grâce aux travaux de Galilée et de l’astronomie qui s’est nourrie de cette physique mathématique a nécessité l’utilisation de ce système décimal aussi flexible qu’efficace qui vient remplacer les chiffres romains. Depuis lors, même le nom « chiffre » rappelle son ancêtre arabe « sīfr » qui signifie zéro.
A cet égard, les Musulmans n’ont pas à s’inquiéter de leur héritage scientifique étant donné la provenance indienne des chiffres arabes puisque ce qui compte est non seulement leur diffusion à l’ensemble du monde musulman (Andalousie et Afrique du Nord) puis à l’Occident chrétien, mais aussi et surtout l’invention de l’algèbre qui est véritablement arabo-islamique et l’œuvre d’al-Khawarizmi
En astronomie, il a contribué à la rédaction du Zīj al-Sindhind  sur la base d’un ouvrage indien traduit par Muhammad al-Fazari. Le Zij est resté une référence pour les astronomes arabes puisqu’il présente un système de calcul qui sauve les apparences des phénomènes astronomiques emprunté aux Indiens et qui n’aura aucun équivalent dans le monde à cette époque. Il rédige également un ouvrage de géographie dans lequel il améliore les connaissances sur les positions des villes du monde de l’époque surtout dans sa partie islamique.


Concernant la philosophie, je pense que la contribution majeure des Musulmans durant le Moyen-Âge qui a été transmise à l’Occident ne se réduit pas seulement à quelques idées d’Ibn Sinã, d’Ibn Rũshd et d’Al-Farãbi mais concerne surtout l’unification de la métaphysique et des sciences naturelles par al-Kindī qui fut reprise par Saint Thomas d’Aquin plusieurs siècles après.

Cette unification a favorisé la conciliation entre la métaphysique et la théologie qui n’a pas été poursuivie dans le monde musulman en raison d’un retour en force des religieux traditionnalistes, hanbalites et asharites et notamment des idées d’al-Ghazãli dans son ‘Tahãfut’.


Mais cette conciliation a réussi en Occident grâce à Saint Thomas. Cependant, le premier qui est parvenu à le faire dans le monde musulman est Al-Kindi mais son héritage a été malheureusement oublié.
Quant à Ibn-Rũshd, de nombreux travaux historiques montrent que l’Occident chrétien n’a pas redécouvert Aristote grâce seulement aux traductions de ses œuvres du grec vers le latin ou de l’arabe vers le latin mais grâce aussi aux commentaires de ce savant musulman.
Parmi ceux qui ont critiqué ses commentaires comme Saint Thomas et ceux qui ont adopté ses idées comme les averroïstes latins qui ont eu pignon sur rue pendant toute l’époque de la renaissance, il y avait un consensus : sans la lecture d’ibn-Rũshd, l’Occident n’aurait pas pu franchir le pas vers la renaissance.


Quant à al-Ghazãli, son héritage intellectuel en Occident consiste dans une critique profonde d’Aristote qui a été nécessaire pour dépasser le monde péripatéticien dans des domaines comme la physique et l’astronomie. Or, personne n’a pu critiquer Aristote en Occident durant une longue période jusqu’à la Renaissance. Les livres d’ibn Rũshd ont été traduits en latin bien avant ceux d’Al-Ghazâli. Par conséquent, la perception d’Al-Ghazãlî chez les occidentaux a été influencée par la critique d’Ibn Rūshd et non par une comparaison entre les livres des deux penseurs. Le savant andalou avec sa manière toute aristotélicienne, considère la réfutation par Al-Ghazâlî du principe de causalité comme un rejet pure et simple de la connaissance rationnelle.
Par exemple, Ernest Renan reprend les arguments de la science galiléenne contre la pensée scolastique de l’Église catholique pour considérer Al-Ghazâli comme le principal acteur de l’Islam orthodoxe qui est l’équivalent de l’Église catholique à l’encontre du rationalisme scientifique des Mutazilites et des philosophes musulmans inspirés des penseurs de la Grèce ancienne. Mais le savant asharite a laissé un héritage différent en Occident à travers sa critique d’Aristote et qui a lui a été bien bénéfique.

La thèse de Gougenheim est une radicalisation des idées orientalistes sur l’Islam.


En fait, Gougenheim a occulté le véritable paradigme en matière de relations Orient-Occident : ce n’est pas la traduction des livres grecs qui a facilité à l’Occident la réalisation de la seconde révolution scientifique de l’histoire et le développement d’une philosophie apaisée de toute rivalité entre la foi et la raison mais plutôt l’utilisation des idées et concepts philosophiques et scientifiques des Musulmans.


L’approche de cet auteur est de nature quantitative : nombre de traductions nécessaires à l’Occident. Or, le véritable problème est d’ordre qualitatif : les Musulmans ont transmis l’essentiel à l’Occident en matière de méthode scientifique, de science physique et mathématique, d’astronomie et de philosophie critique anti-aristotélicienne. Inutile de retracer ce que les occidentaux doivent à L’Orient en matière d’idées philosophiques et scientifiques, ils sont connus, décisifs et nombreux.
Il convient juste de rappeler que la démarche de Gougenheim nest pas novatrice. Elle fait partie de toutes les approches historiques et philosophiques qui ont eu tendance à minimiser et relativiser le rôle de l’Islam durant le Moyen Âge dans le développement de la pensée humaine et à proclamer que l’Islam a été incapable de transmettre le savoir grec à l’Occident en raison de difficultés endogènes.


Ernest Renan a été peut être le premier à s’intéresser à ce problème. Dans son livre ‘Averroès et l’Averroïsme‘, il laisse libre court à sa pensée européocentriste sur les peuples sémites. Selon lui, les peuples sémites ne sintéressent qu’aux questions mystiques et non rationnelles comme la religion et non à la science et à la philosophie séculière. Selon lui, leur rôle historique a été juste de transmettre la science des Grecs vers l’Europe moderne. Sur ce point, Gougenheim vient enlever aux Musulmans le dernier bastion qui est la transmission du savoir grec à l’Occident.
Ernest Renan prétend que le dernier représentant de la philosophie arabe est Ibn Rũshd dont les œuvres ont été transmises à Saint Thomas.

« Lorsque Averroès meurt en 1198, la philosophie arabe a perdu son dernier représentant et le triomphe du Coran sur la libre pensée a été assuré pour au moins six cents ans» a-t-il affirmé.

Renan évoque une première période durant laquelle les livres grecs ont été traduits par les érudits musulmans au neuvième et dixième siècles. Puis il rappelle les travaux d’Ibn Sinâ et d’Ibn Rūshd en les qualifiant de commentateurs de Platon et d’Aristote.
Mais il occulte une période durant laquelle les scientifiques et les philosophes musulmans ont créé la première révolution scientifique de l’histoire. Le rationalisme des Mut’azilites et les découvertes d’Ibn al Haytham et d’Al-Khwârizmî en physique et en mathématiques ne sont pas évoqués par l’historien français.


Au-delà du silence de Renan à propos de l’âge dor du savoir musulman durant le haut Moyen Âge, il retrace bien entendu le déclin de la pensée et de la philosophie au treizième siècle lorsque les théologiens orthodoxes ont remporté la partie. Dans cette histoire racontée par Renan, Al-Ghazãli a été le véritable ennemi de la philosophie rationnelle.
En tant que théologien orthodoxe, il a eu une grande influence en luttant contre la philosophie rationnelle dont le dernier représentant pour Renan est Ibn Rũshd. Selon Renan, il y a un rejet pur et simple de la pensée critique dans le livre d’Al-Ghazãlî.
Il considère que ce penseur est un adepte du Soufisme et le Soufisme, selon lui, est le pire ennemi de la pensée rationnelle et de la philosophie. En tant que Soufi, Al-Ghazâlî a montré l’invalidité de la raison et du principe de causalité.
Pour Renan, ce qui est vraiment destructeur à la science est la propension à rejeter les lois de la nature et à considérer la relation entre les causes et les effets comme une impression ou une habitude qui existe dans l’entendement humain et non comme une réalité physique dans le monde. En fait, en tant que spécialiste d’Ibn Rũshd, Renan ne voit Al-Ghazãlî qu’avec la manière d’Ibn Rūshd de réagir au livre « Al-Tahâfut » de ce penseur musulman du Moyen Âge.


Ajoutant à ce sombre tableau, le travail d’Ignaz Goldziher, un orientaliste connu, qui considère lui aussi Al-Ghazâlî comme le destructeur le plus impitoyable de la philosophie rationaliste dans les pays d’Islam. Dans un style narratif assez incisif, Goldziher évoque un nouveau fait: l’ancienne culture hellénistique comprenant la métaphysique, la physique, les mathématiques, la médecine et la philosophie a été introduite dans la littérature islamique au Moyen Âge sous le nom de « science des Anciens » ((‘ulūm al-awā’il) en la distinguant de la « nouvelle science » (‘ulūm al-ḥadīthah) qui est la théologie islamique. Les tenants de la nouvelle science théologique et orthodoxe regardaient les adeptes de la science des Anciens avec beaucoup de suspicion : selon eux cette vielle science d’origine païenne représente un danger pour la foi et les croyances religieuses.

Goldziher ajoute que les tenants de l’orthodoxie considéraient cette science comme inutile. Ce fut suffisant, selon lui, pour éloigner les croyants de cette science, eux qui étaient terriblement sensibles et hostiles à l’égard de l’hérésie. Ce qui mérite de relever dans la narration racontée par Goldziher, se sont deux éléments : le premier est la polarisation de ce qui est opposable à l’orthodoxie et à la théologie par l’ancienne science qui fut progressivement assimilée à une sagesse d’obédience ancienne remontant aux Grecs païens et qui ne concorde pas avec la croyance et à la foi.


Le deuxième élément est la propagation d’idées qui sont en contradiction avec la religion comme celle de la création du Coran par les Mut’azilites. C’est en raison de cette «toxicité » de la nouvelle science que de nombreux penseurs ont rejoint une nouvelle science qui n’a plus rien à voir avec l’ancienne science qui est Ilm Al-kalam (Scolastique, NDLR ). D’ailleurs, le soutien califal à l’ancienne science rationaliste (notamment sous le règne d’ Ma’mūn) ne dura pas. Sous le règne du calife al-Mutawakil, les livres d’Ibn Sinâ et ceux d’Ikhwān al-Safā (“les frères de la pureté”, NDLR) ont été brûlés.


Passons maintenant à Bertrand Russel qui a écrit une monumentale Histoire de la Philosophie occidentale en 1945. Dans ce livre exhaustif sur les origines de la pensée occidentale dans sa dimension philosophique, il affirme dans un petit chapitre consacré à la philosophie islamique que la pensée des Musulmans n’était pas originelle et qu’Ibn Sinâ et Ibn Rushd n’ont été que des commentateurs de la philosophie grecque.


Sans remettre en cause l’apport scientifique des Musulmans au Moyen Âge qui ont, selon lui, découvert des choses importantes dans des domaines comme les mathématiques et la chimie, il affirme néanmoins que dans le domaine philosophique et son héritière la logique, ils n’ont pas véritablement apporté grand-chose.
Russel ne voit dans la civilisation et la culture islamiques que des vecteurs à travers lesquels l’héritage grec a été récupéré par les occidentaux. En fait, Russel s’appui dans cette conclusion sur une idée assez largement répondue chez les historiens de la philosophie qui se contentent d’une chronologie très simpliste des contributions les plus décisives à la philosophie occidentale. Les penseurs occidentaux s’accordent à penser qu’Ibn Rũshd a contribué à la naissance de la philosophie chrétienne, notamment celle de Saint Thomas.
Ce philosophe musulman a influencé grandement Saint Thomas, alors qu’il est en même temps le dernier grand philosophe de l’épopée musulmane. Après lui, la philosophie en pays d’Islam aurait décliné pour disparaitre complètement. Ibn Rũshd n’a pas laissé une école de pensée musulmane malgré sa critique obstinée du livre d’Al Ghazãlî, « la destruction des philosophies ». 


Les orientalistes prétendent tous que l’Islam n’est pas parvenu à dépasser l’antagonisme entre la raison et la foi. Mais peu d’entre eux remettent en cause son rôle dans la transmission du savoir grec à l’Occident. En effet, même si le monde musulman a décliné et a perdu son héritage scientifique et technique peu importe les raisons qui n’ont d’ailleurs jamais fait l’objet d’un consensus entre les historiens, il n’en demeure pas moins vrai que l’Orient et l’Occident musulmans ont réussi à transmettre à l’Occident chrétien non seulement l’héritage grec mais également un patrimoine philosophique et scientifique développé de manière endogène et qui est d’une grande valeur pour l’humanité.


Par conséquent, Gougenheim représente la dernière génération de penseurs occidentaux et d’orientalistes qui ont minimisé sans arguments valables le rôle de l’Islam dans l’histoire des civilisations et dans les relations Orient-Occident.

Rafik Hiahemzizou
Philosophe et essayiste
E-mail : Hiahemzizourafik@gmail.com


Références

Djebbar Ahmed  L’algèbre arabe, genèse d’un art, Vuibert/Adapt, 2005,
Gingerich Owen  L’Astronomie en Islam, Pour la Science, avril 1986.
Goldziher, Ignaz Sur l’Islam : Origines de la théologie musulmane, Paris, Desclée de Brouwer, 2003.
Gougenheim Sylvain Aristote au Mont-Saint-Michel. Les racines grecques de l’Europe chrétienne. Editions du Seuil, coll. « L’univers historique », Paris, 2008
Koyré Alexandre Etudes d’histoire de la pensée scientifique. Gallimard,
1985

Rashed Roshdi   D’Al-Khwârismî à Descartes : études sur l’histoire des mathématiques classiques, Hermann, 2011 

Renan Ernest Averroès et l’Averroïsme : essai historique, 1882, Paris Calmann Lévy.

Russel Bertrand History of Western Philosophy, Routledge Classics, Nouvelle édition, 2004.

Tbakhi Abdelghani, MD
and Amr Samir S. MD Ibn Al-Haytham: Father of Modern Optics, Annals of  Saudi Medicine, Nov.2007.

 

23 thoughts on “Le véritable apport de la civilisation islamique à l’Occident

  1. LE SOLEIL D’ALLAH BRILLE SUR L’OCCIDENT

    Description
    Présentation de l’éditeur

    Alors que l’Europe se débattait dans un Moyen Âge de conflits et de blocages, le monde arabe était le théâtre d’une admirable civilisation fondée sur les échanges économiques, intellectuels et spirituels. Dans toutes les disciplines mathématiques, astronomie, médecine, architecture, musique et poésie, les Arabes multiplièrent les plus prodigieuses réalisations.
    Venant d’Italie, de Sicile, d’Espagne et autres territoires soumis à la domination ou à l’influence arabe, passant par l’entremise de grands princes, comme Frédéric II de Hohenstaufen ou par le canal de nombreux voyageurs (négociants, pèlerins, croisés, étudiants), les réalisations de cette prestigieuse civilisation ont peu à peu gagné l’Europe où elles jouèrent un rôle déterminant dans l’éclosion de la civilisation occidentale.
    Sigrid Hunke brosse un tableau saisissant de cette rencontre entre l’Orient et l’Occident. L’influence décisive de la civilisation arabe sur celle de l’Europe influence trop souvent passée sous silence, sinon ouvertement contestée est enfin mise en pleine lumière.
    Quatrième de couverture

    Alors que l’Europe se débattait dans un Moyen Age de conflits et de blocages, le monde arabe était le théâtre d’une admirable civilisation fondée sur les échanges économiques, intellectuels et spirituels. Dans toutes les disciplines – mathématiques, astronomie, médecine, architecture, musique et poésie -, les Arabes multiplièrent les plus prodigieuses réalisations. Venant d’Italie, de Sicile, d’Espagne et autres territoires soumis à la domination ou à l’influence arabe, passant par l’entremise de grands princes, comme Frédéric II de Hohenstaufen ou par le canal de nombreux voyageurs (négociants, pèlerins, croisés, étudiants), les réalisations de cette prestigieuse civilisation ont peu à peu gagné l’Europe où elles jouèrent un rôle déterminant dans l’éclosion de la civilisation occidentale. Sigrid Hunke brosse un tableau saisissant de cette rencontre entre l’Orient et l’Occident. L’influence décisive de la civilisation arabe sur celle de l’Europe – influence trop souvent passée sous silence, sinon ouvertement contestée – est enfin mise en pleine lumière.

  2. Les trois Algériens seront vengés : le Maroc n’a pas retenu la leçon d’Amgala

    Par Kamel M. – L’assassinat des trois ressortissants algériens ne restera pas impuni. Message clair de l’Algérie au régime de Rabat qui devra s’attendre à une réaction féroce suite à cette déclaration de guerre. Le Maroc a franchi un pas supplémentaire dans ses provocations, cherchant ainsi à mettre le feu aux poudres et embraser toute la région et ne tirant pas la leçon de l’affaire d’Amgala, dans le milieu des années 1970, lorsque le défunt Houari Boumediene ordonna de donner une raclée mémorable à l’armée marocaine qui venait de tuer des soldats algériens.

    L’armée marocaine a vraisemblablement utilisé le même drone qui a servi à l’assassinat d’un haut gradé de l’armée sahraouie, avec l’assistance technique du Mossad israélien. L’enquête diligentée par les services de sécurité algériens fera la lumière sur les tenants et les aboutissants de cette agression caractérisée qui ne saurait rester sans un châtiment exemplaire de ses commanditaires.

    Jusqu’où ira l’escalade ? «On n’est plus dans la gesticulation, il y a eu mort d’homme et cela appelle une riposte à la hauteur de ce crime abject», notent des sources algériennes, selon lesquelles «le Maroc s’empressera d’adopter l’attitude de Ponce Pilate en niant toute implication de son armée». «Pourtant, si la présidence de la République a clairement pointé du doigt la partie marocaine, cela signifie bien que les premiers éléments de l’enquête sont suffisamment révélateurs pour que le Makhzen soit ainsi accusé», ajoutent nos sources, qui précisent que «les autorités politiques, diplomatiques et militaires algériennes ne sont pas connues pour faire dans la précipitation et n’ont pas pour habitude de réagir à chaud, la preuve en est que l’annonce de ce grave dérapage marocain n’a été faite qu’après avoir réuni des indices accablants».

    Reste à savoir quelle sera la réaction algérienne face à ce casus belli. «L’Algérie détient plusieurs atouts entre ses mains et la solution militaire pourrait être envisagée pour la première fois depuis l’affaire d’Amgala en 1976», croient savoir nos sources, qui rappellent que les nombreuses manœuvres militaires exécutées par l’armée algérienne «sont loin d’être un coup de bluff, au regard de leur envergure et des choix tactiques effectués par le haut commandement de l’ANP». «Toutes les possibilités sont envisagées», soulignent nos sources qui n’excluent pas que l’attaque du convoi algérien ait été ordonnée par quelque haut gradé zélé sans en avoir référé au préalable aux autorités politiques du pays.

    On se rappelle que l’ex-roi Hassan II ignorait jusqu’à la présence du fondateur du GIA, Abdelhak Layada, au Maroc, ses services secrets et son ministre de l’Intérieur de l’époque, Driss Basri, alors homme fort du régime, lui ayant caché avoir accueilli le chef terroriste algérien sur le territoire marocain d’où étaient commanditées des actions armées en Algérie. Repéré par le renseignement algérien, l’ancien ministre de la Défense nationale, le général à la retraite Khaled Nezzar, avait alors dû employer la manière forte pour obtenir des Marocains qu’ils remettent le criminel aux autorités algériennes. Hassan II avait essayé de monnayer son extradition en y mêlant le dossier sahraoui, ce que le général Nezzar avait rejeté d’une façon catégorique.

    Nous saurons dans les heures et les jours à venir sur quoi débouchera cette nouvelle crise entre les deux pays qui a pris des proportions inquiétantes.

    K. M.

    Les trois Algériens seront vengés : le Maroc n’a pas retenu la leçon d’Amgala – Algérie Patriotique
    https://www.algeriepatriotique.com/2021/11/03/les-trois-algeriens-seront-venges-le-maroc-na-pas-retenu-la-lecon-damgala-ii/

    1. oui génial ; une petite guerre entre le Maroc et l’Algérie avec appel au sens patriotique des membres de la communauté de chacun des deux pays .
      une bonne guerre comme en 14 avec 5 ou 6 million des morts de chaque coté .
      n’ayez crainte l’occident vous fournira les armes et les munitions dont vous aurez besoin !

      1. Lire les commentaires de musulmans se réjouissant de se foutre sur la gueule entre eux, le tout au profit de l’occident, sous un article ventant les bienfais des la civilisation musulmane sur l’occident, est comment dire…… assez contradictoire au final…. non ?

        Tant que ca ne contredis pas le savoir des croyants, tout va bien !

        1. Les marocains n’ont pas envie d’une guerre, c’est les descendants de harkis qui cherchent à se refaire coloniser, ils n’ont pas l’habitude d’etre libre aussi longtemps.

  3. L’apport véritable de la civilisation musulmane à ‘lOxxident est par ordre d’importance :
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    1 – Le loukoum aux pétales de roses et à la pistache.
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    2 – Le Haschich.
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    3 – Les Voyages de Sinbad, et les contes de Milles et une nuits.
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    4 – La Chéchia.
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    5 – Le Halwa au chocolat.
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    6 – Le Baklawa de Damas ou de Beyrouth, de chez les équivalents de Fauchon.
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    7 – L’art de la divination en renversant sa tasse de café arabe sur la soucoupe.
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    8 – Les cafés dans les villes avec le bruit des narguilés.
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    9 – Le couscous sans la viande, et avec du yaourt fermenté.
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    10 – Fairouz
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    11 – le reste comme dans toutes les autres civilisations, est secondaire.

    1. Que de belles choses, n’est ce pas ?
      Il faut ajouter ,entre autres ,le “Oud” عود (instrument de musique)
      Et zemour de se plaindre et de vociférer ,lui qui n’a que le schofar !

      1. J’avais un ami dans le temps qui jouait merveilleusement de la derbouka. C’était un véritable envoutement.
        Quant à Zémour, c’est insignifiant.
        Il avait les traits du visage diaboliques, mais d’un diable qui souffrirait de son propre enfer.

  4. “Le véritable apport de la civilisation islamique à l’Occident” . Il se pourrait bien que l’enjeu ne soit pas l’apport de l’islam à l’occident. Le don pèse. Plus on a reçu, plus le don a de la valeur plus on se sent endetté. Arrive un moment où celui qui a tant reçu nie tout simplement avoir reçu et méprise jusqu’à la haine celui qui lui a trop donné. L’ingratitude passagère ou définitive peut être une des conditions de la liberté. L’homme occidental s’est construit comme étant supérieur à tous les autres. Selon sa fiction de lui-même, son récit de soi, Il est le maître. Au cœur de l’hystérie actuelle dans le bloc où le soleil se meurt, il y a cette posture de maître de l’homme occidental. Ce dernier considère qu’il lui revient presque de droit divin de diriger le monde . Posture de plus en plus contestée. Ce n’est pas qu’une vue de l’esprit. Exemple , combien de Français pensent que c’est la France qui est redevable envers l’Afrique , que c’est elle qui a besoin de l’Afrique ? La majorité des français pensent que c’est l’Afrique qui a une dette envers la France. C’est cette posture de maître, cette fiction de soi qui transpire de tous les côtés dans les échanges entre les dirigeants de Centre Afrique, du Mali…et ceux de France. Le maître peut-il être redevable de son esclave, de son sujet ? A chaque fois que l’esclave veut prouver au maître qu’il lui a donné quelque chose de précieux, qu’il est son égal voire son supérieur il prend au minimum le risque d’irriter le maître. Chercher à prouver au maître, c’est toujours être dans l’orbite du maître, c’est toujours être sous sa dépendance. Une certaine élite issue des colonies à mon avis perdent leur temps, leur énergie, leur capacité intellectuelle à vouloir prouver l’apport de leur pays ou de leur civilisation d’origine à l’occident. L’esclave peut argumenter autant qu’il veut avec le maître mais s’il n’est pas en capacité de fouetter le maître si nécessaire, il sera toujours l’esclave. Bien sûr “la civilisation islamique” doit faire le point sur elle-même et comparer avec les autres dans le but de comprendre sa propre dynamique mais le faire dans le but de prouver à l’autre qu’on est au moins aussi égale qu’elle c’est à mon avis implicitement avouer que ou laisser entendre qu’on pourrait éventuellement être ce que dit de soi l’autre qui s’est positionné en supérieur. L’enjeu actuellement pour les globalistes n’est pas de savoir si l’islam a contribué au repas de l’auberge espagnol et à quel hauteur. A mon avis, ils s’en contrefoutent royalement. Le Posthumain sera-t-il cultivé ? Quelle sera sa religion ? En aura-t-il une ? Peut-on encore penser correctement sans emprunter l’œil des globalistes ?

  5. ce thème sur l’apport de l’Islam à l’Occident est récurent et ne date pas d’aujourd’hui. En 2005, j’ai publié un livre “Les origines médiévales de la science” dans lequel j’ai consacré deux chapitres consacrés à la réfutation de la thèse de l’héritage grec de la culture occidentale, de l’essor de la science et de la technique grâce à la Grèce antique en Occident. J’ai essayé de démontrer (1) l’impossibilité de la transmission directe des savoirs grecs à l’Europe sans passer par l’une des plus grandes civilisations du monde, la philosophie naturelle de l’Islam médiéval, (2) le rôle de la philosophie naturelle des grands philosophes musulmans dans la naissance de la scolastique, (3) la philosophie d’Aristote, philosophie païenne n’était d’aucun secours aux différents protagonistes dans les discussions théologiques au sein de l’Eglise médiévale, (4) les philosophes de la scolastique et les intellectuels de l’Europe médiévale ont carrément pillé les savoirs scientifiques, philosophiques et philosophiques des Musulmans présents en Espagne, à Bagdad et à Damas.. Malheureusement, à l’époque de la rédaction du livre en 2005, je n’avais pu consulter l’immense littérature et notamment les vrais orientalistes comme Hodgson et Jack Goody, mettant en lumière les apports de l’Islam et son rôle dans l’éducation de l’Europe et la formation de sa culture et de sa science. Je n’ai pas pu également prendre connaissance de l’œuvre de John Hobson qui a démontré comment l’héritage de l’Orient a carrément créé l’Occident. Sans oublier bien entendu l’œuvre magistrale de Martin Bernal “Black Athena” . Sans oublier l’admirable livre de George Saliba, Islamic science and the making of the European renaissance” et l’ouvrage de Samir Amin eurocentrisme qui empêche de voir les apports de l’Islam qui a carrément civilisé une Europe médiévale en lui transmettant sa culture, sa science, ses techniques, son art etc

    Pour pallier les carences de la première édition épuisée, je suis en train d’intégrer tous ces nouveaux éléments dans une nouvelle édition qui paraîtra sur Amazon.fr à côté d’autres livres qui sont aujourd’hui disponibles, comme Chimie et politique, entre autres. Les lecteurs peuvent également me suivre sur les réseaux sociaux sur mon site internet http://www.siress-editions.com, @elmir1975

    1. Déjà l’auteur (comme à son habitude) utilise de façon erronée les faits historiques: “Certains ont rappelé qu’au moment où le monde musulman vivait une Renaissance, le monde chrétien était embourbé dans le Moyen Âge” ; mais ça ne m’étonne même plus car Rafic s’est décidé d’être plus BHL que l’original ; et vous y allez encore plus loin par ce commentaire.
      Pour vire un renaissance il faut qu’il y ait un déclin où un marasme – qui n’existait pas à l’époque dans la civilisation Arabo-musulmane(je la nomme comme ça car je trouve ce terme beaucoup plus juste que celui utilisé pat l’auteur qui réduit une civilisation à sa pensée religieuse) ; la Renaissance occidentale a été générée par les conquêtes ottomanes et notamment par les fuites des élites de l’empire romain d’orient (le terme Byzantin est faux car eux-mêmes ne se sont jamais nommés ainsi) ; donc le savoir et la richesse matérielle des élites grecques en fuite devant le pillage des Turcs ; le terme exacte c’est “Yagma” (pillage en turc) ; le mot que Mehmet II prononça à l’adresse de ses troupes en tapant de sa main le pilier de porte de la ville (j’aimerais bien d’ailleurs que notre auteur si prolifique se prononce sur cette dimension-là du “véritable apport de la civilisation islamique” à l’Europe).
      Récemment, je me souviens d’avoir vu dans un reportage filmé en Turquie, une étable dans laquelle un âne broute en tapant innocemment de son sabot sur une magnifique mosaïque de l’époque de la Grèce antique – qu’est le sol d’étable ; image très parlante du rapport très respectueux qu’ils ont à cette défunte civilisation.
      Mais bon, je dis ça – je dis rien car tout me dit qu’on est loin de sortir de l’auberge ; autant se lancer dans la construction des trucs du genre BAO (BOA ou je ne sais même plus comment on appelle les trucs où on se met à plusieurs, plein de bouffe d’armes et des dizaines de milliers de cartouches).

      1. La renaissance Occidentale a été possible :
        1 – Le passage (par les juifs) de toute la litérature Arabe; scientifique, philosophique, médicinale, MATHEMATIQUE, ASTRONOMIQUE depuis la plus longue démocratie humaine connue: l’Andalousie, ! La langue francaise par exemple est un “Trés mauvais Arabe” faite de 35% d’emprunts à la langue Arabe…
        2 – Le Protestantisme: qui se diffusera à travers l’utilisation de l’imprimerie par Martin LUTHER, et qui sapera l’eglise catholique AngloSaxonne et accélerera la difusion et le partage du savoir, c’est une prérévolution industrielle, comme le démontre Marshall McLuhan dans “La Galaxie Gutenberg”!
        Je ne comprends pas que viens faire l’empire Otthoman dans cette exfiltration, méme si celui-ci a permis la fuite massive d’européens pour servir dans ses troupes de coursiers et favorisais l’émancipation intelectuelle des populations conquises, ésclaves, lettrés, officiers, pendant que l’inquisition la plus expeditive regnais dans le viel empire catholique! donc et méme si les Othomans ont permis la Renaissance européenne c’est indiréctement aussi à travers l’Islam…

        1. “Que vient faire l’empire Ottoman dans cette exfiltration”?
          Bah, si l’on se fie au titre que l’auteur a donné à sa production: “Le véritable apport de la civilisation islamique à l’Occident” on doit quand même parler de ça ; toutes les conquêtes ottomanes en Europe ont été faites au nom d’Allah – au nom d’Islam donc ; même aujourd’hui les universitaires Turcs quand on les questionne sur le sujet n’hésitent pas d’affirmer que c’étaient des guerres saintes ; que leurs armées combattaient au “nom du dieu” – il s’agit bel et bien des intellectuels d’une “société laïque” ; des Rafics Turcs en qqsorte.
          Et puisque c’était le plus grand point de frottement/échange on peut affirmer que c’est bien là ce fameux terrain par où passait “l’enrichissement”.
          Comme on peut juger cet enrichissement par les faits ; et ceux-ci sont têtus: La partie européenne qu’est restée sous la domination turque s’est réveillée quatre siècle plus tard comme si elle appartenait à un tout autre continent – illettrisme généralisé, pauvreté économique exceptionnelle, retard technologique criant etc. bref, la désolation.
          Alors qu’avant les conquêtes ottomanes c’était la partie la plus avancée technologiquement et la plus riche économiquement du continent européen.
          Voilà en gros pour ce qu’est de l’apport de la “civilisation islamique”.
          Et qui connait le passé ne risque pas de se louper sur la prédiction de l’avenir ; mais à condition de ne pas prendre la production intellectuelle de Rafic et autres BHL pour l’argent comptant.

          1. D’accord, ce fut un apport supplémentaire, et de masse, pour la “sainteté de la guerre” cela ne regarde celui qui veut y croire, la chrétienté aussi a avancé sous couvert du “seigneur” pour recruter les troupes, mais pour des raisons de proximité le plus grand apport fut réalisé par les voyageurs et les traductions des livres arabes depuis le khalifat islamique a seville et cordoue, c’est vrai aussi que l’empire ottoman a permis par l’arrivée d’Esclaves, de serfs et d’elites européenne de 1er choix: les renégats (qui faisaient des conversions-express a l’islam, formelles) ont permis a l’empire d’etablir une des plus imposantes bibliothèques historiques … l’expansion des empires est aussi irresistible que leur chute!

    2. Parler de païens comme vous le faite est la preuve que vous faites une totale abstraction d’autres cultures. La culture arabo-musulman a elle aussi absorbé des éléments des “païens”…

      Vous utilisez les mêmes biais et même méthodes que ceux que vous critiquez…

      1. Au contraire la culture musulmane cite les élements Animistes et les cultures antérieurs: “Allah” était aussi la divinité supréme dans l’Arabie Koraichite. Le coran cité nommément les civilisation Pharaonique, Assyriéne, Romaine, Hellénique etc …

    3. Complément enrichissant surtout par la quantité supplémentaire de faits/infos Elmir auquels on pourait rajouter les ecrits de Gustave Lebon et Goethe, sinon Oui ” L’elite Occidentale- sous bienveillance Israélite” (seul approximation disponible!!) avance laborieusement la thése Crétino-Suicidaire du défaut structurel de l’Islam (c’est pas l’histoire de l’islam qui est défaillante et le fait d’humains; c’est l’Islam lui méme qui est caca en dedans!), tous les aboyeurs de service ont éte instruits de le criér sur les toits: BHL, Onfray, Zemmour! Bravo aussi pour le WebSite, dont certains articles mériteraient de paraitre ici!
      on attends le Livre…

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